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Du jeune enfant placé à l’ASE à la tête de l’AADAJ 34

  • Photo du rédacteur: Kévin BAERT
    Kévin BAERT
  • 21 janv. 2022
  • 5 min de lecture


C’est en 1993 que j’ai mis « les pieds » dans une première institution de l’état (après avoir fait quelques brefs séjours dans des familles d’accueil). C’était une « autre vie » qui s’ouvrait à moi. Une période rude pour un enfant, et pourtant c’est cette même période qui forgera plus tard le caractère. Placé de 1993 à 2008 j’ai donc passé plus d’une décennie « dans les jupes » de l’aide sociale à l’enfance de l’Hérault, de cela je n’en cache rien. L’occasion de donner un point de vue « sur le sujet » en toute sincérité. On m’a souvent demandé : « Comment peut-on vivre sans la présence de la famille ? » Cette question, c’est LA question que se pose chaque personne qui pointe « le bout du nez » dans les services de la protection de l’enfance de l’Hérault (ASE). Chaque parcours est différent, même pour deux personnes placées ensemble dans une institution où dans une famille d’accueil (assistant familial aujourd’hui). En ce qui me concerne, j’ai toujours considéré que le terme « famille » ne pouvait se résumer à une lignée appartenant aux même « sang » et « aux mêmes gênes ». Je n’ai pas honte de dire que 9/10 pour qui j’aurais « laissé ma tête » n’avait pas mon sang, et pourtant ils représentaient une famille. A 34 ans aujourd’hui, j’ai toujours cet aspect très ancré en moi : les plus hautes personnes à mes côtés n’ont pas mon sang (rares exceptions) et cela me conviens parfaitement ! La personne la plus influente est une femme qui n’a pas mon sang, et pourtant elle porte plus les valeurs de la famille que d’autres. C’est un exemple que je peux donner mais j’en aurais tellement ! « Les jeunes de placés à l’aide sociale à l’enfance sont des voyous » voilà un violent cliché « qui à la vie dure » et auquel je considère « qu’il faut tordre le coup ». En effet, les personnes placées à l’aide sociale à l’enfance ne sont pas toutes des délinquantes en puissance loin de là même ! Je suis fer d’être sorti de l’aide sociale à l’enfance juste pour montrer que cette « rumeur » est totalement fausse et pourtant elle perdure depuis des années… C’est en regardant faire certains jeunes que j’ai su que jamais je prendrais le chemin de ce que j’appelle – avec un certain humour noir – « la voyoucratie » !

« De l’aide sociale à l’enfance à l’engagement » Non, être une personne admise à l’aide sociale à l’enfance n’empêche pas de construire des projets et des réaliser. Voilà une phrase qui devrait être apprise par tous les jeunes entrant à l’aide sociale à l’enfance. Des choix se posent dans la vie, soit prendre les bons, soit les mauvais. Très jeune, animé par une envie « de justice et de solidarité » je me suis engagé au service de l’autre. Probablement pour « oublier » ma propre vie. Il fallait pouvoir « aider le copain » dans la gadoue… D’un état esprit cela est devenu un engagement. Mettant à profit mon cursus scolaire (secrétaire de formation, droit pénal et procédure via cned) je me suis vite engagé pour essayer de mettre une réponse sur un problème donné, chose qui est loin d’être simple ! Nous en convenons tous ! De l’assistance auprès des victimes de viol, en passant par l’accompagnement des malades, faisant un détour dans l’accompagnement des victimes de l’inceste … et j’en oubli … c’est un engagement qui n’a eu de cesse que d’augmenter au fil du temps. Je considère qu’il est important d’être solidaire les uns avec les autres. Il faut s’entraider. La solidarité permet beaucoup de choses. Il est « le moteur » de toute une vie. « Oui, j’ai eu des bons éducateurs/éducatrices » Je reconnaitrais toujours que dans les institutions de l’état, j’ai eu « la chance » d’avoir des bons éducateurs qui pour certains ont marqués toute une vie : la mienne ! Même si la doctrine de l’aide sociale à l’enfance Ne pas s’attacher à l’enfant j’ai eu la chance d’avoir une équipe bienveillante autour de moi. « Non un enfant n’est pas responsable de son placement » Nous mettons « un pied » dans les services de la protection de l’enfance avec cette boule au ventre « je suis là par ma faute ». C’est une notion absolument fausse. La responsabilité est « techniquement » celle des « parents », et encore il faut débattre de chaque situation au cas par cas. Il est difficile d’avoir un jugement objectif par sa propre vie, et il est difficile d’avoir un avis sur une situation familiale dans le sens où nous n’avons jamais tous les éléments. « Les familles d’accueil ne sont pas des sorcières » Le regard que porte le public sur les familles d’accueil / assistants familiaux est un regard qui n’a guère évolué depuis les années 1960 : des familles violentes et maltraitantes envers les enfants accueillis et autant pour les institutions. Il convient de dire que OUI il existe « des brebis galeuses » et qu’elles n’ont pas leurs places au sein de la protection de l’enfance et de l’accueil des jeunes placés. Toutefois, c’est une minorité. Il est toujours difficile au début de s’intégrer dans une nouvelle famille, mais après toutes ne sont pas mauvaises loin de là. Il en existe de très bien qui élèvent même les enfants « comme les leurs ». « Ne pas avoir honte de nos origines » Comme pour les personnes venant d’un autre pays, il ne faut pas avoir honte de ses origines et d’où on vient. C’est ce qui « nous a fait » à tous et toutes que nous sommes. Je n’aurais jamais honte de dire d’où je viens.


« Nous devenons ce que nous voulons devenir »

Cette phrase est une « doctrine » comme d’autres depuis des années :

Nous sommes responsables de notre avenir. Nous décidons par nos actes ce que nous voulons en faire.

Rien ne pourrait excuser des excès sous prétexte d’avoir eu « une enfance compliquée ».



« Du parent au géniteur »

De mon point de vue personnel, au bout d’un certain temps pendant lequel l’enfant est élevé par les services de la protection de l’enfance il fait perdre « le titre » de parent.

En effet Comment pourrait on considérer deux parents comme tel dès l’instant où l’état les a remplacés tous les deux ?... Je ne m’interroge pas, j’ai ma propre réponse.

On demande à l’enfant d’accepter l’inacceptable … donc on ne peut pas lui reprocher dans l’âge adulte de ne plus avoir la considération « parent ». La vie apprend à vivre au jeune placé sans les parents, il se fait donc une raison qui se grave au fil des années « à l’intérieur » de lui … (c’est mon point de vue). Cela ne signifie en rien qu’ils sont « mauvais » mais juste que le jeune enfant d’antan n’a plus besoin d’eux aujourd’hui.

Rassurons la génération d’aujourd’hui qui réside auprès des services de la protection de l’enfance :

Vous pouvez vous construire autrement sans votre famille, votre entourage.


EN CONCLUSION : Je dirais qu’il est possible de construire des projets même en étant et ayant été admis au titre de l’aide sociale à l’enfance. Que l’image du voyou systématique sortant de l’ASE est un cliché totalement faux et qu’il faut en 2022 « lui tordre le coup ».

À cette génération « montante » de le démont

 
 
 

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Edition : BAERT - MAJ : 26/01/2025 - Copie interdite

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